A l’aune de l’épidémie de covid, une réalité s’est plus que jamais faite jour : pas de santé sans les citoyen.nes, autrement dit la nécessité de réaffirmer – et donnons nous en les moyens – de faire en sorte que l’adage « mon corps m’appartient » soit plus que jamais au cœur des politiques santé publique, avec son corollaire : la transparence de l’information, la responsabilisation et la reconnaissance de chacun.e comme expert.e de sa santé et comme acteur solidaire de celle des autres.

En plus des moyens insuffisants alloués à l’hôpital, c’est en effet le rôle et la place de Monsieur-tout-le-monde dans les politiques publiques de santé et les parcours de soins qui est sur la table depuis 2020.

La loi de 2002 dite « Kouchner », relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé a fait entrer le principe de démocratie sanitaire dans le droit. Via la lutte contre le sida dans les années 80, nous avons agi pour réclamer nos droits à disposer de nos santés, des informations, des systèmes préventifs, des traitements. Les combattant.es contre le vih-sida ont pavé cette voie de démocratie en santé, autrement dit d’une première prise de pouvoir sur le soin de nos corps.

Or, à l’heure d’une dérégulation destructrice des équilibres et dangereuses pour toutes les espèces, y compris les êtres humains, Il convient d’urgence de renforcer les espaces d’expression et de co-construire les politiques publiques de santé avec les citoyens.nes, avec les élus locaux. Il convient aussi plus que jamais de donner à chacune et à chacun les possibilités de devenir actrice/acteur de sa santé.

Cela implique enfin une poursuite de la politique des villes et des territoires en faveur de la santé communautaire et de la réduction des risques. Ce que certains appellent « universalisme proportionné » est une stratégie enviable car nous savons son efficacité, notamment pour les plus fragiles socialement, ou pour celles et ceux victimes de discriminations.
La prise en charge de la drépanocytose en ciblant les populations afro-caribéennes, comme la démarche d’aller-vers les habitant.es les plus éloigné.es du soin dans les quartiers populaires ou encore la campagne de vaccination à destination des hommes ayant des relations sexuelles multiples avec des hommes et les travailleurs et travailleuses du sexe à Paris comme dans d’autres villes en sont des exemples.
Continuons ! L’écologie populaire c’est aussi la santé populaire, donc élargie à tous et à toutes, capable de s’adapter aux territoires, aux genres, aux sexualités, aux modes de vie, aux diversités culturelles et aux classes sociales.

Anne Souyris (Île-de-France)